Le village de Roumens est situé à quelques kilomètres en contrebas de la côte de Saint-Félix, à un carrefour de petites routes de ce qu’on nomme « La Plaine » dans le canton de Revel. Les nombreux vestiges découverts au cours de labours permettent d’affirmer une importante occupation gallo-romaine du site.
Au Moyen Âge, Roumens autrefois appelé Romencs était situé dans une structure circulaire entourée de fossés, un seul pont, à l’Ouest en permettait l’accès. Plus tard, le village s’est développé à l’extérieur des fossés aujourd’hui encore remplis d’eau.
Dépendant de la seigneurie de Saint-Félix, Roumens est passé dans le giron du comte de Foix lors de la donation de RAYMOND VII, le 18 mai 1226. Comme la plupart des villages de la seigneurie, Romencs a un consulat indépendantdès 1249. C’est à PIERRE DUÈZE, frère du pape JEAN XXII que revient Romencs en 1319, lorsqu’il reçoit la seigneurie de Saint-Félix, des mains du roi PHILIPPE V. Après la création de la collégiale de Saint-Félix par le pape JEAN XXII, l’église de Romencs devient annexe et le chapitre y tient un desservant. Mais, en 1387, GUILHEM DE LA BAILLE achète la seigneurie de Romencs, laquelle sera à nouveau vendue en 1655à JACQUES DE FAURÉ. Ces différents seigneurs possédaient un château puisque, en 1782, Louis, JEAN, GEODEFFROY DE FALGUEROLLES cède l’emplacement du château qui jouxtait l’église à PIERRE RAMOND, forgeron.
La tradition locale veut que l’actuelle sacristie soit l’ancienne chapelle du château qui portait le nom de Saint Jean-de-Romencs.
Le château et l’Hôtel de Ville qui étaient, avec l’église, le centre du village, n’existent plus. Seule reste l’église. Celle-ci est citée en 1317 lors du remembrement de la province épiscopale de Narbonne et fait alors partie du diocèse de Toulouse. L’archevêque est collateur, le seul décimateur étant le chapitre de Saint-Félix.
Les archives municipales de1453,ayant subi de graves détériorations, sont inutilisables et l’histoire est muette jusqu’en 1596. Pour cette année, le procès-verbal de la visite épiscopale signale: « En la dicte parroisse de Romens, il n’y a aulcung hérétique qu’on sache ny puisse cognoiste, par la grâce de Notre Seigneur ».
En 1694, des travaux importants sont entrepris :
- les murs sont rehaussés
- trois fenêtres en plein cintre sont ouvertes dans le mur sud, remplaçant trois petites ouvertures en demi-lune dont les cintres sont encore apparents
- le clocher-mur à cinq baies est construit en pierre, soutenu par trois grands contreforts à ressauts s’élevant jusqu’aux baies ajourées
- une cloche est placée dans la baie septentrionale du deuxième niveau et dédiée à saint Roch, on peut y lire :
« Sancte Roche, ora pro nobis »
Saint Roch, priez pour nous.
Parrain : B. BOUTIER
Marraine : damale de MILES
A. IULIA. A. PRADAL. A. BOUTIER
P. BONET : Consuls
MARGUILLIERS : E. ST JEAN. I. MAFRET
B. ESPERT
C.
En 1700, sur le procès-verbal de la visite épiscopale, Mgr DE COLBERT fait peu de remarques, mais il ordonne :
- qu’on ôte la tribune du fond de l’église ;
- qu’on fasse une chaire à prêcher en bois ;
- qu’on fasse étamer la cuvette des fonts baptismaux.
La visite suivante du 4 octobre 1742, est faite par Mgr CHARLES-ANTOINE DE LA ROCHE-AYMON en personne, assisté par le desservant ANTOINE JOSEPH DE SÈVERAC DE LA PLANIOLE.
Certaines critiques sont avancées:
- si « le sanctuaire est de grandeur convenable, le banc du seigneur n’y a pas sa place, d’autant qu’il y a des femmes qui se plaisent au banc du seigneur … » ;
- le couvert du sanctuaire a besoin de réparations ;
- le chœur et la nef sont séparés par une grande grille de fer, à travers laquelle on donne la communion ;
- la nef n’est pas voûtée et quelques carreaux manquent, les murs sont lézardés ;
- l’église possède des reliques de saint Nicolas, mais celles de sainte Ursule ne sont pas authentifiées ;
- l’église est entourée de deux petits cimetières, mais il n’y a pas de presbytère pour le desservant.
À l’occasion de cette même visite, il est fait mention d’une chapelle séparée dédiée à Notre-Dame de Pitié et qui appartient à la confrérie. Mais il n’y a pas de « pierre sacrée » et on n’y célèbre plus la messe depuis huit ou neuf ans. Aucun repère ne permet de situer l’emplacement de cette chapelle.
L’église de Roumens semble n’avoir pas souffert de vandalisme pendant les guerres de religion. Et, si les biens de Louis, JEAN, GEODEFFROY DE FALGUEROLLES ont été vendus comme « biens nationaux » à la Révolution, l’église a dû rester en l’état, le clocher et la cloche de 1694 sont restés intacts.
En 1771, le 10 septembre, le conseil de fabrique délibère pour effectuer des réparations indispensables :
- refaire la porte
- mettre un soutien ou une poutre pour la caisse de l’horloge
- refaire le couvert de l’église
Le Conseil Municipal désire que l’église de Roumens soit érigée en chapelle, dès 1809,de nombreux échanges épistolaires avec le Ministère seront nécessaires pour transformer l’église Saint-Jean-Baptiste en succursale de Saint-Félix.
On lit dans le cahier des délibérations, le 20 juillet 1819:
« L’église située au milieu du village est très bien bâtie, et comment est réparé son vaisseau ! Ayant une horloge et des cloches pour appeler les fidèles… »
L’ordonnance tant souhaitée sera signée par le roi LOUIS-PHILIPPE le 24 avril 1847.
L’inventaire des biens appartenant à l’État en 1906, ne mentionne qu’un mobilier bien réduit:
- un maître-autel de marbre ainsi que l’autel de la chapelle de la Vierge ;
- une chaire à prêcher de briques et de plâtre ;
- des lambris autour du chœur.
Mais les paroissiens ne se lassent pas d’améliorer leur église. En 1910 et 1911, deux nouvelles cloches prennent place dans le clocher-mur.
On lit sur la première :
+ SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM
(Que le nom du Seigneur soit béni)FLAVIEN PERRAMOND
Marraine : CELESTINE LATCHE
Curé : FAGES
J’ai été fondue par les soins de M.M. J. PRADAL, B. COSES, E. BIGOT, A. LATCHE, E. PRADAL.
VINEL frères – fondeurs Toulouse 1910
Sur la seconde :
+ A FULGURE ET TEMPESTATE LIBERA NOS DOMINE
(De la foudre et de la tempête, délivre nous, Seigneur)Don de M. FLAVIEN PERRAMOND
Parrain : LEON PERRAMOND
Marraine : AGNES PERRAMOND
Curé : FAGES
VINEL frères – FONDEURS – TOULOUSE 1911
En 1985, une restauration importante a été entreprise par les soins des paroissiens de Roumens qui, au cours des siècles, ont toujours été « maîtres-d’ œuvre » de leur église.